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Blog d'histoires de Lokiah
3 août 2012

Le propriétaire de la tour

Coucou !

Voici une histoire nommée "le propriétaire de la tour" que j'ai écrite il y a pas mal de temps. Bonne lecture !

 

 

Je parcourrais les rues éclairées à la lueur des lampadaires. À cette heure-ci du matin, personne n'était réveillé. Je me faufilai dans une ruelle qui conduisait à un parc sombre. Je promenai ma torche devant moi et je m'assis sur un banc pour contempler le grand château qui se dressait à côté. Impressionnée, je me levai, quelques minutes plus tard, et je pénétrai dans le grand bâtiment. J'abandonnai mon sac et ma torche à l'entrée : l'intérieur du château était éclairé. C'était plutôt surprenant, étant donné qu'il n'y avait personne. Je montai les escaliers sur plusieurs étages.
Une fois tout en haut, j'admirai la vue panoramique que l'on avait sur l'ensemble du parc. Au fond, je vis une grande tour, nichée au milieu des arbres de la forêt. Je redescendis les escaliers, repris mon sac et ma torche, puis je sortis du château et du parc pour me précipiter dans la forêt. Dans celle-ci, il y avait effectivement une grande tour délabrée à qui il manquait des pierres et des tuiles. Des grognements d'animaux sauvages se faisaient entendre... ils étaient terrifiants, c'était le moins qu'on puisse dire !
Je contournai d'abord la tour pour m'assurer que je ne pourrai pas rencontrer de mauvaises surprises. Toujours un peu inquiète, je poussai la porte de la tour, mais elle ne s'ouvrait pas.
Bizarrement, la porte semblait fermée à clé. Il y avait donc quelqu'un dedans, ou le propriétaire avait décidé de s'y enfermer... et de sauter du haut de la tour.
Mais les meurtrières étaient beaucoup trop étroites pour laisser passer un homme. J'étais toujours bouleversée par cette histoire, lorsque je vis, dans la pénombre, au loin, une silhouette s'avancer doucement vers moi.
J'écarquillai les yeux. La personne me suivait, où l'ombre me donnait l'illusion de la voir avancer alors qu'elle reculait, en réalité ? C'était affreux de ne rien connaître sur ceci, et je décidai d'attendre le verdict. Je ne bougeai pas pendant quelques minutes, histoire de voir si l'homme progressait sur son chemin. En vérité, deux minutes plus tard, je découvris qu'il sortait de la forêt. Heureusement pour moi ! Mais alors... d'où venait cette silhouette ?
Je me posai la question de nombreuses fois. L'homme était sans doute sorti de la tour pendant que je la contournais, et avait profité de ce qu'il m'ait vue pour fermer la porte à clé avant de s'assurer que je n'entre pas.
Cette silhouette n'était pas celle de quelqu'un d'ordinaire. Il s'aventure ici sans torche, il marche doucement, s'éloigne après être sorti d'une mystérieuse tour qui n'a rien à faire ici, au plein coeur d'une forêt ! Il cachait sûrement quelque chose, et était soit le propriétaire de la tour, soit un voleur. La tour recelait, dans ce cas, un secret ou un trésor précieux que l'homme voulait à tout prix dérober... mais c'était le dernier des cas. S'il m'avait vue, et qu'il était un voleur, il n'aurait pas marché ; il aurait couru, à part s'il découvrait que je suis en réalité une adolescente de 11 ans et pas dangereuse du tout !
Inquiète, je pris le chemin du retour en évitant d'emprunter celui de l'inconnu. Mais j'étais loin de me douter que j'allais tomber dans son piège...
Alors que je prenais une autre direction pour rejoindre le parc du château, je le vis, caché derrière un arbre. Il n'était pas masqué, mais avait une capuche. Tout de noir vêtu, il ne laissait aucune trace de vie, plaqué sur l'arbre, mystérieusement debout. Il ne semblait plus vivant : aucun bruit ne se dégageait, dû à sa respiration. Je ne pouvais pas voir ses yeux qui étaient camouflés derrière sa capuche. Et alors que je m'apprêtais à le contourner pour en savoir plus, quelqu'un me saisit les épaules et me jeta en arrière. Horrifiée, je poussai un cri, mais j'eus à peine le temps de me débattre que quelqu'un me mit dans le coffre d'une voiture.
Je me cognai la tête contre la porte du coffre. Le choc fut violent, et je m'évanouis. Je ne pus pas connaître la suite de ma propre histoire.
Quelques heures plus tard, j'étais dans une pièce sombre, avec des barreaux très serrés devant moi. Derrière eux s'étendaient deux files de cellules, comme dans une prison. Il n'y avait qu'une minuscule issue, au plafond, qui était sécurisée par des barreaux, elle aussi.
Au fond, je vis un homme s'avancer. Il n'avait pas d'uniforme de policier, juste un costume noir. Il marchait droit, et se dirigea vers ma cellule mais ne me parla pas.
Il glissa une clé dans la serrure, et me laissa sortir, mais me rattrappa aussitôt. Il éclata de rire en me voyant croire qu'il m'avait libéré. J'essayai de me débattre à nouveau, mais en vain. Je reçus une grande bourrade dans les côtes, qui signifiait sûrement de me taire et de ne pas bouger. Il m'emmena hors de cette espèce de prison, et nous sortîmes du bâtiment. Je ne pus pas m'empêcher de regarder derrière moi : ce qui s'éloignait n'était pas un commissariat. C'était juste une autre tour comme celle que j'avais vue, mais en plus petite. Elle était aussi lugubre que l'autre. Je n'osai pas demander à l'homme ce qu'il faisait, mais je le découvris peu après : il me guidait au parc, puis dans le château, où il m'ordonna de m'asseoir à l'entrée. J'obéis immédiatement. Il ferma la porte à clé et je me retrouvai de nouveau seule. Je le vis ensuite s'éloigner. Il jeta les clés dans le caniveau du trottoir et éclata de rire, tandis que moi, furieuse, je criai de rage.
Ils ne m'avaient pas retiré mon sac ; ni ma torche. Je l'allumai, mais la lumière s'affaiblissait progressivement... jusqu'à ce que la torche s'éteigne complètement. Plus de piles !
Je regardai tout autour de moi. Les propriétaires du château avaient éteint les lumières, qui pourtant étaient là, tout à l'heure. Je fouillai dans mon sac... rien qui puisse me servir.
Mais qui avait éteint les lumières ? Il y avait forcément quelqu'un, ou alors une personne s'était chargée de les allumer avant ma première arrivée, et de les éteindre avant ma deuxième arrivée, après mon emprisonnement - et ma libération.
Je m'accroupis contre le mur. Il valait mieux dormir. Un rapide coup d'oeil à ma montre m'indiqua qu'il était déjà 10:38, raison de plus pour m'endormir.

Le lendemain matin, je n'avais plus trop de souvenirs de ce qui s'était passé la veille. Le soleil éclairait suffisamment à travers les vitres hautes du château. Je montai les escaliers et décidai d'en apprendre plus en visitant la moindre pièce, en m'arrêtant à chaque étage.
La première pièce contenait des baguettes accrochées à des grands tissus qui tapissaient la salle. Par terre, quatre baguettes très longues ornaient le sol, et il n'y avait que ça dans la pièce ; rien d'autre. Je saisis une baguette et je fus violemment secouée. Un éclair retentit. Terrifiée, je lâchai la baguette, mais la terre trembla davantage. Je replaçai correctement la baguette au bon endroit en essayant de garder l'équilibre ; même accroupie, il était très difficile de rester sur pied au cours d'un tremblement de terre !
Lorsque j'eus reposé la baguette, la terre cessa de trembler - ce fut un immense soulagement pour moi. J'évitai de toucher à une autre baguette pour éviter les ennuis... et je quittai la pièce immédiatement pour rejoindre la suivante qui se trouvait au même étage.
Elle était tapissée de peaux d'animaux, et au centre, il y avait un tableau. Par terre, un tapis recouvrait le centre de la pièce, et des instruments de musique étaient posés sur ce tapis. Une fois de plus, je préférai ne pas y toucher, mais finalement, je ne résistai pas à la tentation. Je me précipitai sur une espèce de guitare au sol, je la pris, et je ne pus pas m'empêcher d'y jouer. Bizarrement, rien ne se produit, à part la belle mélodie que je jouais à la guitarre... et qui apparemment ne faisait pas d'effet. Tant mieux !
Je continuai à jouer encore un peu, mais je me lassai vite de la forme de la guitare, qui me gênait un peu pour la porter, d'autant plus que mon bras était trop court ! Je reposai la guitare à sa place et je pris cette fois la flûte, à côté de celle-ci, qui me semblait tout à fait normale par rapport à celles qu'on a l'habitude d'y jouer.
Bien que le professeur de musique avait insisté, cette année, pour que l'on joue de la flûte, en sixième, et que ceci avait été fait tout au long de l'année jusqu'à présent, je ne maîtrisais pas tout à fait cet instrument. Du moins, pas encore ! Je quittai la pièce après avoir regardé une dernière fois les instruments sur le sol. Seule la flûte était normale !
Je regagnai les escaliers, que je montai pour accéder à l'étage suivant vu qu'il n'y avait plus aucune pièce au premier. Peu après, je pénétrai dans une salle très sombre, malgré la lumière qiui filtrait à travers une petite fenêtre. Aux murs, il y avait une multitude de tableaux, peints très joliments. Je jetai un oeil à leur auteur et leur date qui étaient écrits sur des pancartes à côté de chaque oeuvre. Un tableau m'intriguait particulièrement : je ne parvenais pas à "déchiffrer" sa signification. Ses formes bizarroïdes me donnaient l'impression de me trouver dans un monde étrange, une autre dimension, une planète inconnue. Je me dépêchai de quitter cette mystérieuse pièce, en m'empêchant de voler un des tableaux que je trouvais pourtant très beau.

Après ma petite visite du château, je constatai qu'il n'avait rien de hanté, et je ne comprenais toujours pas pourquoi ce que les gens disaient de cette construction lui valaient cette si mauvaise réputation. Et l'idiot qui m'avait enfermé dans ce château ne m'avait pas non expliqué pourquoi il le faisait... tiens ! Voilà que j'y repense... que je suis bête ! J'ai été tellement hypnotisée par la splendeur de certaines oeuvres des pièces, que j'en ai carrément oublié mon enfermement ici. Je n'ai donc récolté absolument aucun indice, qui me permettrait de me sauver.
Je refis alors une deuxième fois le tour du château, un peu plus rapidement cette fois, mais je fus de nouveau projetée dans le monde de l'art en observant encore un tableau captivant dans une des pièces. Et j'en oubliai complètement mon souci, une fois de plus ; et ce ne fut qu'en bas que je m'en rendis compte encore une fois ! Impressionnée, je re-visitai le château. Mais j'avais l'impression que les oeuvres, les instruments de musique et les objets bizarroïdes changeaient à chaque fois... les tableaux n'étaient jamais les mêmes. À ma deuxième visite, je n'avais pas retrouvé le tableau intriguant, ni le tableau captivant à la troisième. Et à cette troisième visite, je vis un tableau magnifiquement coloré. L'auteur ne me disait rien, la date était lointaine, pourtant les couleurs faisaient en sorte que certains éléments du tableau sautaient aux yeux. Je passai vingt minutes à observer ce tableau, à le déchiffrer et à vouloir comprendre sa signification. Et j'en oubliai de nouveau mon problème.
Alors, en bas, à la fin de ma troisième visite, j'en tirais une conclusion. Ce pourquoi l'homme m'avait emprisonné ici, c'était tout simplement parce-qu'il savait pas y sortir, étant donné que les indices ne pouvaient se trouver que dans les étages, et que dans ces étages, je me laissais carrément emporter dans le monde de l'art. Et si l'homme le savait, c'est que je n'étais pas la seule à me retrouver comme passionnée par la musique et par la peinture !

Cela me posait un sacré problème. Je cherchai malgré tout, en bas du châyteau, des indices pour y sortir. À part des chaises dispersées un peu partout, d'une disposition assez étrange, je l'admets, je ne trouvais rien qui puisse me sortir d'ici. Et là, regarder une simple chaise m'éclaira plus que jamais ! Je montai sur cette chaise, puis sur son dossier. Il fallait me rendre à l'évidence... j'étais trop petite pour atteindre la tige qui pendait du plafond, en haut.
Je portai une chaise et je la mis sur la première..., ce ne fut pas suffisant pour pouvoir atteindre la tige. Et je répétai l'opération jusqu'à ce que ma main l'atteigne. Ce fut avec 4 chaises empilées que je pus tirer sur la tige. Une trappe s'ouvrit... misère. Je devais encore empiler des chaises pour entrer complètement dans la trappe. Hélas, il manquait des chaises... il n'y en avait que cinq, et avec les cinq, je ne pouvais que glisser mes bras. Je fis quelques efforts. Je me hissai dans la trappe en m'appuyant sur mes coudes, puis je posai mon menton sur le rebord pour regarder un peu partout autour de moi. C'était carrément noir ! J'avais oublié ma torche... je dus redescendre pour la prendre, contre mon sac. Je remontai sur les chaises, allumai la torche... mais j'avais aussi oublié qu'elle n'avait plus de piles ! Je devais faire avec, alors. J'entrai dans la trappe, et je vis une lueur très lointaine. Une fois sur pied, je courus en direction de cette lueur, qui ne se rapprochait pourtant pas : c'était sans doute qu'elle était loin, alors. Dommage... je continuai à courir. Après un quart d'heure, je dus faire une pause. La lumière ne s'était agrandie que de quelques centimètres de diamètre, pas plus. Ce fut après vingt-cinq minutes que la lueur était toute proche. Mais elle bougeait ! Je sautai dessus pour l'attrapper.
Lorsque je fus suffisamment proche, je l'examinai d'abord. Il y avait une petite tête, un corps de la même taille, un petit peu plus long toutefois. La fine et petite silhouette volait grâce à des ailes d'où s'échappaient des petites étoiles. La silhouette ressemblait fort bien à une fée ! La fée avait des espèces d'antennes et de beaux et longs cheveux dorés.
- Comment t'appelles-tu ? me demanda la fée en m'apercevant.
Horrifiée, je faillis crier et prendre mes jambes à mon cou. Mais je ne le fis pas : je restai sur place, un peu ébahie cependant.
- Pa... Patty... répondis-je. Qui es-tu ?
- Je suis la fée du château, répondis-je.
- Tu es comme les fées des contes, quelqu'un t'a lancé un sort, et tu es la prisonnière du château, constatai-je.
- Non, répliqua la petite fée en secouant la tête. Je peux même t'aider à sortir d'ici, si tu le souhaites.
J'ignorai sa remarque ; je ne la croyais pas le moins du monde !
- Mais qui es-tu, alors ?
- Moi, je suis une fée gentille. Je t'ai dit, je peux t'aider à t'échapper. Mais il faut que tu m'écoutes bien, je vais t'expliquer qui je suis réellement. J'ai été crée, en quelques sortes, dans le but de sécuriser les environs. J'ai choisi ce château pour qu'il soit sous ma protection.
- Tu ne fais pas ton travail, alors ! J'ai été enfermée ici et tu n'es même pas venue à mon aide ! protestai-je.
- Laisse-moi finir, me dit la fée. Un jour, un méchant homme m'a enfermé ici. Mes pouvoirs sont trop faibles pour soulever la trappe... et nombre de gens ont péri ici. Tu connais le secret de ce château ? Chaque pièce renferme un trésor qui éblouit celui qui entre dans la salle. Il en oublie complètement sa recherche d'indices pour se sauver.
- Je sais, merci, répondis-je, agacée. Dis-moi plutôt comment je sors d'ici !
- Je ne t'aiderai pas si tu me parles de cette manière, temporisa calmement la fée. Moi, j'ai tout mon temps.
- Excuse-moi... continue...
- Pour t'aider, tu vas devoir tout simplement soulever la trappe.
La fée me suivit jusqu'à la trappe. Je la soulevai sans difficulté.
- Merci, répondit la fée.
Elle déploya ses ailes et sortit de cette grande cave par la trappe.
Je la suivis en sautant sur la chaise qui se trouvait sous le trou.
- Suis-moi ! dit la fée.
Je courus après elle. Elle m'emmena dans la pièce aux instruments de musique.
- Si tu joues les bonnes notes de ces instruments, expliqua-t-elle, tu verras apparaître un monceau dans le mur. Tu n'auras qu'à le pousser, et tu pénètreras dans une pièce secrète qui te permettra de te sauver si tu réfléchis bien. Je vais t'aider à jouer les notes. Je joue très bien de la flûte, si tu veux savoir.
Parfait ! Il ne me manquait qu'elle, qui sait jouer de la flûte, pour composer cette soi-disant mélodie qui fait ressortir un monceau dans le mur. Je pris la guitare, bien qu'elle ne soit pas "confortable", et je vis la fée se précipiter sur le tableau. Mais elle était trop petite pour y écrire quelque chose... elle me demanda une fois de plus de l'aide. Elle me dicta ce qu'il fallait écrire - plus précisément des notes de musique - avec le marqueur, et une fois fait, je retournai à ma place, je repris la guitare et nous jouâmes toutes les deux les notes. Vu qu'elle avait moins de notes à jouer avec sa flûte pour faire la mélodie, elle prit aussi un autre instrument bizarre et joua le reste des notes pendant que j'achevais la mélodie avec un joli son à l'aide de ma guitare. Visiblement, cela eu le don de satisfaire la fée, qui sourit.
- Parfait ! dit-elle. Regarde.
Un monceau dans le mur apparut, derrière le tableau. J'appuyai dessus et le mur - qui était en fait un mur coulissant - glissa sur le côté. J'entrai, suivie de la fée.
- Tu vois, Patty ! Ce n'était pas bien difficile. Mais sache que sans moi, tu n'aurais jamais réussi à jouer de la flûte.
- Et c'était quoi cet instrument, à la fin ?
- Un kazoo, répondit la fée.
- Ah ! dis-je. C'ets pour ça que tu avais la voix bizarre ?
La fée hocha la tête.
- Exactement ! Allons-y.
Je fouillai la pièce au peigne fin à la recherche d'indices qui se faisaient abondants, ici. J'ouvris un tiroir.
- Ah, ça, ce sont les épîtres du philosophe Carfen.
- Le philosophe Carfen ? demandai-je. C'est qui, cet inconnu ?
- Ne parle plus jamais du mage de cette manière ! Le philosophe Carfen est le personnage le plus important et qui a marqué toute l'histoire des fées et de la magie ! Il écrivait des épîtres et ses destinataires les entreposaient dans un coffre, tellement elles étaient précieuses. Et un voleur très agile les dérobait pour les mettre ici, dans un tiroir.
"Carfen, ça ne me dit rien", pensai-je. Un philosophe nommé Carfen ? Elle me racontait des sottises, cette fée. Je ne savais pas, finalement, si je devais la croire ou non... et en plus de ça, les philosophes n'ont rien à voir avec les fées et la magie, juste avec l'humanité et la raison !
Soit la fée perdait la tête, soit son monde était complètement différent du nôtre.
- Et tu penses que ses épîtres nous sortiront de là ? demandai-je.
La fée ne répondit pas : elle lisait une lettre du philosophe Carfen, et semblait passionnée par ses récits.
- Eh oh ! Je te parle ! dis-je en la secouant.
Elle fit tomber la lettre par terre.
- Malheur ! dit-elle. Je venais juste de lire un passage où le philosophe Carfen expliquait que quiconque lâchait de cette manière ses récits serait puni... ses épîtres doivent être traitées avec respect, tout comme ceux qui ont au la gentillesse de laisser tranquille le philosophe pendant qu'il écrivait ses récits !
Il y eut de nouveau un tremblement de terre, comme lorsque que j'avais fait tomber la baguette à la première pièce.
La fée courut se cacher quelque part - et je ne la retrouvai pas.
- Petite fée, où es-tu ?... j'ai besoin de toi pour sortir d'ici !
Complètement désorientée, je m'assis sur ce qui semblait être un fauteuil. Il ne ressemblait pas du tout aux fauteuils que l'on voit en boutique, sur lesquels on a l'habitude de s'asseoir ! Il était vieux, sale...
Alors que j'énumérais tous les adjectifs qui qualifiaient le fauteuil - je n'avais que ça à faire en attendant le retour de la fée -, j'entendis un petit cri. Il provenait de l'armoire, à l'opposé de la pièce ! Je m'élancai, et poussai de toutes mes forces l'armoire sur le côté. Je vis aussitôt un gros trou, qui avait la forme d'une porte, dans la pierre du mur !
Derrière cette porte, il y avait une pièce ombragée, avec un chaudron bouillant au centre. La fée était attachée à une corde qui descendait progressivement en direction du contenu verdâtre du chaudron.
Il n'y avait personne d'autre dans la pièce... mais je n'aperçus le responsable de cela qu'à la fin, lorsqu'il était à peu près trop tard. Celui qui était aux commandes de l'engin qui faisait descendre la fée dans le chaudron était nul autre que l'homme de l'ombre qui m'avait capturé peu avant... oui, cleui qui m'avait pris par les épaules - du moins, sans doute, car je n'avais pas vu le visage de l'homme, mais juste son corps -, celui qui marchait du côté de la tour délabrée, celui qui m'avait "libérée" de ma cellule et qui m'avait emmenée à l'intérieur du château, celui qui m'y avait enfermé et qui avait jeté la clé du château dans la rivière.
Mais comment pouvait-il, alors, entrer et sortir du château sans la clé ? Soit il en avait un double, donc il était inutile de jeter les clés d'origine (ou les doubles) dans la rivière à part pour me terrifier et me faire croire que j'étais vraiment enfermée, ou alors il avait des... pouvoirs magiques.
Oui, maintenant que j'ai rencontré la fée, ainsi que ce terrible homme, tout peut arriver, même le pire.
- Relâchez-la immédiatement !
... ce fut la seule chose que j'eus le courage de dire avant de m'effondrer. Sans la fée, je ne pouvais rien !
On m'avait frappée quelque part... à la tête, je crois, et j'eus juste suffisamment de force pour regarder au fond de la pièce : l'homme n'était plus aux commandes de l'engin, et la fée avait réussi à se débattre pour sortir du noeud de la corde.
- Patty ! Patty ! Réveille-toi ! hurla-t-elle.
Je somnolais. Je la vis placer ses deux petites mains devant moi et fermer les yeux, se concentrer très fort comme si elle lisait l'avenir dans une boule de cristal. Des lueurs blanchâtres se précipitèrent sur moi, et je me levai comme par magie. Je le faisais involontairement, inconsciemment... impossible de me contrôler ! Je parcourais la pièce. Je me sentais pousser des ailes... je courais tellement vite qu'à la fin, je créai une espèce de tourbillon autour du chaudron ! Si, croyez-moi ou non, il y avait réellement un tourbillon. La fée s'était écartée pour éviter que je ne lui fasse mal en passant devant elle. L'homme qui m'avait frappé, cependant, n'avait pas fait attention à moi, et il ne m'a vue qu'au dernier moment, lorsque je lui ai foncé dedans. C'est lui qui est tombé, je me suis arrêtée - enfin, la fée m'a arrêté - et j'ai contemplé tout autour de moi.
- C'est phénoménal ! me contentai-je de dire en voyant le résultat.
La fée haussa les épaules, comme si ce n'était pas la première fois qu'elle voyait ceci.
La pièce était encombrée de papiers qui avaient volé du bureau au fond de la pièce ; aussi de livres qui provenaient de l'armoire dans la pièce voisine ; de liquide épais et verdâtre qui disparaissait progressivement.
- Regarde, dit la fée en m'emmenant près du chaudron.
J'étais un peu inquiète ; la paroi du chaudron semblait encore brûlante, car elle dégageait de la fumée.
- N'aie pas peur, me dit-elle. C'est froid !
Je touchai le rebord du chaudron et l'enlevai tout de suite après. Je n'avais senti aucune brûlure, rien. Je reposai ma main plus longtemps... en effet, c'était froid !
Je regardai dans le chaudron. Du violet avait remplacé le vert, et un tourbillon se créait au fur et à mesure que la couleur s'intensifie.
- Ceci, c'est le portail qui te permettra de rentrer chez toi, m'expliqua la fée.
- Pourquoi ne pas emprunter le double des clés de l'homme pour sortir du château ?
- C'est une éventualité, dit la fée.
Je préférais prendre les clés plutôt que de sauter dans ce chaudron violet. C'était quand même moins dangereux ! Je fouillai les poches de pantalon et de la veste de l'homme : il n'y avait rien. J'ouvris ses mains : aucune clé. Dommage... je devais donc me forcer à sauter dans le chaudron.
J'écoutai les conseils de la fée :
- Saute, je te dis que c'est sans risque !
- Tu viens avec moi, alors ? demandai-je.
- Si tu veux, répondit la fée suite à un petit moment de réflexion.
Elle sauta la première. J'enjambai le rebord du chaudron, bien qu'il soit assez haut ; mais je parvins malgré tout à plonger dans le tourbillon violet. Au dernier moment, je poussai un cri. J'étais déjà tombée dans le vide. Quelques minutes plus tard, j'étais dans l'eau. Je vis des clés posées sur un rocher... je les pris, au cas où ! Je les fourrai dans ma poche et je regardai tout autour de moi. Je ne retrouvais pas la fée, encore une fois !
Et sous l'eau, impossible de crier, ni même de parler, de chuchoter, à moins de vouloir boire la tasse.
Je nageai vers la surface. Et là, j'identifiai l'endroit où je me trouvais : c'était tout juste à la rivière, celle qui était située à côté du parc qui lui-même était à côté du château. Je m'assis sur l'herbe, exténuée, et je vis la fée à l'autre rive.
- Bon, j'y vais ! Mes parents doivent se faire un sang d'enc...
Mais la fée me toisait méchamment.
- Tu n'aurais pas oublié quelque chose ? trancha-t-elle sévèrement.
- Ah, euh... m-merci... bégayai-je, gênée.
La fée ne répondit pas, et je m'en allai pour éviter des ennuis supplémentaires. Mais avant, je mis ma main dans ma poche et je balançai les clés dans l'eau. Je voulais absolument m'en débarrasser avant qu'elles ne me posent d'autres problèmes !
En rentrant chez moi, mes parents n'étaient même pas inquiets. Ils croyaient que j'étais allée chez une amie. La preuve, mon père me demanda :
- Alors, c'était bien ?
Je préférai ne pas abandonner ce prétexte-là pour éviter de raconter ce qui s'était passé :
- Oh, oui, vous avez un bonjour des parents de Sandra, c'est chez elle que je suis allée.
Le souci, c'était que ma mère allait sûrement appeler la mère de Sandra pour savoir si mes journées chez elle s'étaient réellement bien passées, comme si elle ne me faisait pas confiance. Alors, le lendemain, je me précipitai sur le téléphone et j'appelai Sandra lorsque mes parents étaient partis au travail :
- Salut, Sandra !
- Coucou, Patty, mais... pourquoi tu m'appelles à cette heure-ci ?
- Pour savoir comment tu allais !
- Bien ! répondit Sandra. Dis, tu voudrais aller dormir chez moi de cet après-midi à demain matin ?
- Pourquoi pas ? dis-je, fière de moi.
Satisfaite, je discutai un peu avec Sandra, puis je raccrochai après avoir fixé une heure. À 14 heures précises, j'avais décidé d'aller chez elle. J'avais pris soin d'appeller mes parents pour savoir si je pouvais aller chez une copine le soir. Ils avaient accepté, et j'avais dit qu'ils ne me trouveraient sûrement pas à la maison lorsqu'ils rentreraient du travail ; que je serais déjà partie chez mon amie, et que je risquais de rentrer vers minuit, heure à laquelle mes parents ne supportent pas être encore réveillés.
J'avais fait tout cela pour que, lorsque ma mère allait appeller celle de Sandra quelques jours plus tard, la mère de mon amie sache de quoi la mienne parle. Je leur avais donc dit que j'étais allée chez une amie, mais ils ne m'auraient jamais cru si la mère de Sandra leur disait "Patty n'est pas venue chez nous hier !".
Cela m'arrangeait totalement ! Avant d'aller chez Sandra, à 13h15 (je prends le bus), je changeai de sweat et de pantalon, et je mis d'abord ma main dans ma poche pour vérifier qu'il n'y avait rien. À l'excepté d'un mouchoir et d'un objet métallique qui faisait le bruit d'un bijou lorsqu'il est agité, je n'avais rien d'autre. À propos de cet objet métallique, c'était... une clé, plus précisément la clé du château !

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